Procès-verbal d’interrogatoire Blanc-Reynaud, 7 avril 1816

Analyse de l’objet

Transcription (orthographe respectée) :

L’An mil huit cent seize et le sept avril, nous commissaire de police du premier arrondissement de cette ville d’Avignon, département de Vaucluse, informé par Monsieur Le Commissaire spécial de police de ce département, que deux filles de mauvaise vie, l’une desquelles était porteuse d’une aigle brodée en argent sur drap bleu, avaient été, ainsi qu’un militaire qui se trouvait avec elles, arrêtés sur le Rocher et près de l’église Notre-Dame hier vers les midi, par le Sergent du poste du Palais, que Mr Le lieutenant du Roi de cette ville ayant été instruit de cette arrestation par le rapport que lui avait fait ce Sergent, avait fait traduire ces deux filles au violon (Prison civile) pour y rester à la sa disposition, avons d’après les ordres qui venaient de nous être donnés par Monsieur le Commissaire spécial de police, fait amener devant nous ces deux filles en notre Bureau, les avons interrogées séparément ainsi et de la manière qui suit, en commençant par celle, dans les mains de laquelle cette aigle avait été saisie  par le sergent de garde au palais.

Demande. Quels sont vos nom, prénoms, âge, profession, lieu de naissance et domicile ?

Réponse. Je m’appelle Marie Geneviève Blanc, âgée de vingt quatre ans, native du Barroux, département de Vaucluse, je n’exerce aucune profession et je n’ai aucun domicile fixe.

D. Dans quel lieu avez vous été arrêtée hier et par qui ?

R. Je fus arrêtée sur Le Rocher vers les midi et demi, par un Sergent du Régiment étranger, vêtu d’un habit rouge.

D. Avec qui avez vous été arrêtée ?

R. Avec un Soldat de la Légion étrangère et ma Camarade nommée Marie Teisseraud, de Mazan.

D. Avez vous connaissance du motif de votre arrestation ?

R. Je présume que j’ai été arrêtée parce que j’avais dans les mains une aigle brodée en argent sur drap bleu, je l’avais trouvée pliée dans un morceau de papier et dans un lieu où avait été placé autrefois un corps de garde derrière l’église de Notre-Dame, je l’avais mis dans mon sein et en descendant du Rocher, je la montrai à un militaire qui m’accompagnait et à la nommée Marie Teisseraud. Lorsque le Sergent de la garde du palais qui passait auprès de nous, l’ayant aperçu, nous arrêta tous les trois et nous conduisit au corps de garde de la caserne, je fus ensuite traduite ainsi que ma camarade, au violon.

D. Ne vous êtes vous pas aperçu que le militaire qui était avec vous eut tombé cette aigle de sa poche ? Lorsque vous lui feriez voir ne vous a-t-il pas dit qu’elle lui appartenait ?

R. Non.

D. Lorsque vous trouvâtes cette aigle, la n[omm]ée Teisseraud était elle avec vous ?

R. Non, elle se trouvait à quelques pas du lieu où j’étais avec ce militaire, elle nous attendait, elle était seule.

Après lecture faite la dite Blanc requise de signer a dit ne le savoir.

Nous Commissaire de police susdit ayant fait  reconduire cette fille au violon, avons interrogé sa camarade, de la manière qui suit.

D. Quels sont vos noms, prénoms, âge, profession, lieu de naissance et domicile.

R. Je m’appelle Marie Thérèse Reynaud, native de Mazan, âgée de vingt deux ans, je n’ai aucune profession. Mes Parents exercent la profession de boucher.

D. Êtes vous porteuse d’un passeport ?

R. Non.

D. Depuis quelle époque êtes vous dans Avignon ?

R. Il y a environ trois ans, j’ai resté pendant deux ans , dans la maison de Mr Ausan employé aux contributions indirectes en qualité de fille de service et depuis que je suis sortie de cette maison j’ai résidé chez la n[omm]ée Monclar, maison Villard rue S[ ?] où je servais en la même qualité.

D. Où avez vous été arrêtée hier et par qui ?

R. Je suis été saisie en descendant du Rocher hier à midi et demi par un soldat de la garde du palais.

D. Avec qui étiez vous lorsqu’on vous a arrêtée ?

R. J’étais avec la nommée Marie Thérèse Blanc, boiteuse, et un militaire du régiment étranger, lesquels furent arrêtés comme moi et traduits au poste de la caserne.

D. Connaissez vous le motif de votre arrestation ?

R. Le militaire qui m’a arrêtée m’a dit que c’était par ordre du commandant de la place.

D. Savez vous d’où provenait l’aigle qu’avait sur elle la n[omm]ée Blanc ?

R. J’ai sçu par elle, qu’elle avait trouvé cette aigle pliée dans un morceau de papier, dans un trou sur le Rocher, et je présume que l’on nous a arrêtés parce que cette fille la tenait dans ses mains.

D. Étiez vous avec Marie Blanc, lorsqu’elle trouva cette aigle ?

R. Non, mais j’ai vu lorsqu’elle la montrait à un militaire avec qui elle était derrière l’église Notre-Dame et ce militaire a été arrêté comme nous, par le même soldat.

Après lecture faite la dite Reynaud requise de signer a dit ne le savoir.

À Avignon le jour et an que dessus.